La guerre en Syrie a transformé le pays d’une façon à la fois dramatique et subtile. Beaucoup de changements vont vers le pire, mais d’autres inspirent un optimisme prudent : les Syriens ont fait preuve d’une ingéniosité implacable en s’adaptant à chaque étape d’un conflit horrible, sauvant des restes de dignité, de solidarité et de vitalité dans des circonstances cauchemardesques. Ils l’ont généralement fait à leur manière, aux prises avec des transformations qui échappent à presque tous ceux qui prétendent les aider ou les représenter. Ces évolutions sont très éloignées des pourparlers de paix et des politiques de puissance, et elles sont rarement prises en compte dans l’aide aux populations. Elles restent apparemment invisibles pour le nombre croissant d’étrangers autorisés à se rendre en Syrie, qui trouvent souvent que les choses sont plus « normales » qu’ils ne le pensaient : les cafés de Damas sont bondés, les magasins ont commencé à rouvrir à Alep, et les officiels de diverses nationalités débordent de plans exagérément optimistes pour l’avenir.