Décidée à faire entendre sa voix, la jeunesse africaine est en ébullition. Aux quatre coins du continent, des mouvements citoyens parviennent à embraser la société civile, jusqu’à faire tomber des pouvoirs en place. Symboles d’une nouvelle génération, leur leitmotiv est celui du respect de l’alternance démocratique, comme pilier de la démocratie. En 2012, « Y’en a marre » au Sénégal avait craqué l’allumette en s’engageant contre une troisième candidature du président Abdoulaye Wade [1]. Deux ans plus tard, c’était au tour du « Balai citoyen » burkinabè de prendre part au soulèvement populaire qui a chassé le président Blaise Compaoré, après 27 ans au pouvoir.
Si ces deux mouvements ont particulièrement fait parler d’eux, la société civile s’organise aussi ailleurs, notamment au Congo-Brazzaville ou en République démocratique du Congo (RDC). Une trentaine de militants africains se sont d’ailleurs réunis fin juin à Ouagadougou, en marge du festival Ciné Droit Libre. Le thème de l’événement culturel, « Quand la jeunesse se met debout ! », a donné le ton de cette rencontre, qui s’est achevée sur la signature de la Déclaration dite de Ouagadougou [2] Celle-ci fixe une feuille de route commune, dans le but d’aboutir à la création d’une plateforme panafricaine des mouvements citoyens [3]. Si le texte prévoit la mutualisation des stratégies et des moyens, la première préoccupation exprimée est celle de la libération d’activistes détenus en RDC, Fred Bauma [4]et Yves Makwambala [5]. Depuis cinq mois, ces deux Congolais, arrêtés alors qu’ils participaient à la première réunion officielle du collectif Filimbià Kinshasa, attendent leur procès dans la prison de Makala. Accusés « d’atteinte à la sureté de l’État », ils risquent des peines allant de dix ans de prison à la peine de mort.