Tentative originale mais fragile de renouveler et de combiner, dans les paroles comme
dans les actes, une pluralité d’aspirations puisées dans l’histoire des luttes, la rébellion des
indigènes zapatistes du Sud-Est mexicain et sa portée utopique restent considérables. Si l’on y
retrouve l’aspiration républicaine à la démocratie politique et à la citoyenneté, conjuguée à la
quête socialiste et tiers-mondiste d’égalité entre les groupes sociaux et entre les peuples, la
nouvelle perspective émancipatrice à l’oeuvre s’est enrichie, on le sait, d’accents plus
inattendus : le souci du sujet, du statut de l’individu dans le collectif et de son émancipation ;
l’appel à la reconnaissance des diversités et des identités culturelles ; la conscience écologique
des limites du progrès ; la revendication d’égalité entre les hommes et les femmes ; le lien
étroit entre problèmes locaux et réalités mondiales ; la culture expérimentale et participative,
etc. Bien que l’ensemble ait été copieusement discuté depuis le soulèvement indigène du 1er
janvier 1994, à ce jour toutefois, pas de trace significative d’une réflexion aboutie sur les
types d’approche sociologique dont la rébellion ou son utopie ont été l’objet.(...)