L’homme, face à la caméra, raconte calmement : « Peu importe l’innocence ou qu’il y ait une erreur de jugement, j’exécute ma tâche ». Ashmawy, le bourreau d’Égypte — huit à dix ans d’apprentissage, seize ans de pratique — a 624 pendaisons à son actif. Dans le documentaire La larme du bourreau [1], il décrit comment il a développé la meilleure technique pour briser les cervicales d’un coup. Les condamnés vêtus de rouge, eux, disent qu’ils meurent « à chaque fois qu’ils entendent des pas dans le couloir ». Durant son témoignage, Ashmawy, regard noir, visage fermé, uniforme aussi sombre que ses yeux finit par pleurer « à cause d’une condamnation injuste », mais après avoir bien précisé : « je ne critique pas la justice égyptienne ».
Lundi, la justice égyptienne a condamné 529 personnes à la pendaison, dont 350 jugées par contumace à l’issue de deux audiences de vingt minutes. Les inculpés étaient accusés d’avoir attaqué un commissariat et tué un officier de police en août, dans le gouvernorat de Minya, après les tueries de Rabea al-adaweya et Al-Nahda. « Il n’y a jamais eu dans l’histoire récente une telle condamnation, à l’issue d’un procès expéditif qui plus est », note Anne Denis, responsable de la commission Abolition de la peine de mort d’Amnesty international France [2]. « Imposer la peine de mort collectivement suite à un procès truffé d’irrégularités constitue une violation des droits de l’Homme », a commenté le porte-parole du Haut Commissariat des Nations unies aux droits de l’Homme (HCDH) Rupert Colville. Catherine Ashton, chef de la diplomatie européenne s’est dite « extrêmement préoccupée ».