Adoptés par l’Assemblée générale des Nations unies en 2000, les « Objectifs du millénaire pour le développement » (OMD), à atteindre d’ici à 2015, s’imposent comme le cadre mondial de référence des stratégies officielles de lutte contre la pauvreté pour ce début de 21e siècle. Ils n’en sont pas moins l’objet d’examens plus ou moins critiques, en particulier en provenance du Sud. Considérés, à un premier niveau d’analyse, comme insuffisants – en recul par rapport à des engagements antérieurs, en retard dans leur réalisation ou déjà marginalisés de l’agenda de la « communauté internationale » –, les OMD, leurs « cibles » et leurs « indicateurs » apparaissent, à un second niveau d’analyse, comme un nouvel instrument d’intégration subordonnée à l’économie mondialisée. « Mieux que rien » pour les uns, « plus du même » pour les autres, les Objectifs du millénaire n’en sortent donc pas indemnes. Les ressorts sécuritaires de l’initiative et le caractère technocratique des stratégies formulées tranchent avec les intentions humanistes affichées. La conception du développement sous-jacente évacue les thèmes de la réduction des inégalités, de la justice sociale et de la promotion d’emplois décents, pour confirmer la perspective néolibérale des politiques d’ajustement promues : ouverture commerciale, « bonne gouvernance », privatisations...