Vingt ans après la première édition d’un Alternatives Sud consacré au rôle des ONG dans la mondialisation néolibérale, la question reste d’actualité. Si, par définition, ces organisations se veulent indépendantes des États, promotrices des intérêts des citoyens et protectrices de la nature, dans les faits, le financement de leurs activités reste fortement dépendant de gouvernements et d’institutions porteuses d’un modèle uniformisé – « bonne gouvernance » et « développement durable ».
Selon les pays, les contraintes légales et la répression plus ou moins ouverte restreignent les capacités de mobilisation et d’interpellation de ces acteurs. Le risque de la dépolitisation, renforcé par les injonctions à une professionnalisation de type managérial, s’étend au Sud comme au Nord et tend à réduire les ONG à des prestataires au service de leurs bailleurs de fonds, publics ou privés.
Pour autant, certaines structures ont conquis les moyens financiers et symboliques d’une autonomisation relative, qui leur permet de jouer un rôle d’autorité morale, voire de productrices de normes, dans bien des débats sociaux et environnementaux globaux.
Quelles sont les marges de manœuvre des ONG instigatrices de modèles de société alternatifs ? Quels liens ces organisations entretiennent-elles avec les mouvements sociaux ? Quel ancrage populaire pour quelle efficacité politique ? Creuser ces questions et prendre conscience des enjeux qui redéfinissent l’action des ONG apparaît indispensable à la construction d’autres possibles et à l’appui aux résistances, locales et globales.