La forte présence de la gauche dans le panorama sociopolitique latino-américain s’observe autant dans l’avènement de gouvernements « progressistes » que dans l’émergence de nouveaux mouvements sociaux. Si les situations sont multiples, plusieurs facteurs communs expliquent cette poussée de nouvelles forces contestataires : l’essoufflement du néolibéralisme, au moins dans les opinions, fatiguées de la polarisation sociale induite par les politiques excluantes du « consensus de Washington » ; les frustrations nées de démocraties à peine électorales, vides de toute substance ; la crise des formats traditionnels de représentation politique concomitante à la transformation sociologique des « bases » ; et enfin, les perspectives ouvertes par la globalisation des luttes. Les alternatives au système dominant existent – reconstruction de l’Etat, dé-privatisation, développement durable, politique fiscale… –, reste à établir des rapports de force favorables. La capacité des gouvernements de gauche à satisfaire leur mandat populaire dépendra d’abord de leur volonté politique de se soustraire au pouvoir des marchés et aux « conditionnalités » des instruments de l’impérialisme. Si le Brésil n’y parvenait pas, quel pays y parviendrait ?