Aujourd’hui, le concept d’intervention humanitaire a presque toujours le sens de recours à la force armée. Mais, dès lors qu’un désastre humain à grande échelle est avéré, qui a de fait le droit d’intervenir, au nom de quelles valeurs et par quels moyens ? Pour tenter d’atténuer les tensions à l’œuvre entre les règles du droit international qui protège la souveraineté des Etats des intrusions étrangères et les obligations morales envers les personnes en détresse, le principe encore embryonnaire de « souveraineté comme responsabilité » a été énoncé. Principe selon lequel la souveraineté ne sert pas seulement à prémunir un Etat contre une ingérence étrangère non consentie, mais le contraint également à respecter les droits et les intérêts fondamentaux de ses citoyens. L’analyse des interventions humanitaires est indissociable de l’étude des processus de mondialisation. Le nouvel humanitarisme y apparaît comme une politique superficielle et envahissante de maintien de l’ordre (interventionnisme) dans des situations complexes et souvent en état de détérioration que l’économie et la politique libérales (mondialisation) se sont si ardemment appliquées à créer. En d’autres mots, dans quelles mesures les famines, les exodes et les conflits toujours présentés comme des menaces pour l’ordre international ne sont ils pas en réalité une conséquence de ce même ordre ? Et quel est alors le rôle des acteurs non gouvernementaux de l’humanitaire : instruments de la « paix libérale », complices de l’hégémonie occidentale ou admirable expression de la solidarité sans frontières ?