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Le Salvador met fin à l’extraction de métaux

Une première mondiale. Le Salvador, plus petit pays d’Amérique centrale, vient de décider d’interdire l’exploitation des mines de métaux. Qu’elles soient exploitées à ciel ouvert ou sous terre, toutes devront être fermées d’ici six mois.

« Aucune institution, norme, acte administratif ou résolution ne pourra autoriser la prospection, l’exploration, l’extraction ou le traitement de produits miniers métalliques au Salvador », selon les termes de la loi votée le 29 mars par l’ensemble des partis politiques représentés au Parlement.

« Ça casse un tabou », se réjouit Frédéric Thomas, chargé d’étude au Centre Tricontinal (Cetri), une organisation belge dont l’objectif de faire entendre des points de vue du Sud à l’heure de la mondialisation. « Malgré la diversité des régimes politiques en Amérique latine, tous ont fait de l’exportation des métaux et hydrocarbures un passage obligé de leur développement, précise Frédéric Thomas. Cette loi rouvre le débat sur d’autres stratégies de développement possibles. »

Une exploitation à marche forcée

Depuis la signature en 2004 du Traité de libre-échange entre les Etats-Unis et les pays d’Amérique centrale (CAFTA), des multinationales comme Holcim, Monsanto et Pacific Rim ont en effet intensifié leurs opérations au Salvador. Entre 1992 et 2008, les investissements directs étrangers y sont passés de 30 millions à 5,9 milliards de dollars, selon Les amis de la terre.

Nombre d’observateurs soulignent que cette surexploitation des ressources naturelles ne bénéficie pas aux populations locales. « Quand on additionne les coûts provoqués par les pollutions et les conflits sociaux liés à l’exploitation des terres, les pays d’Amérique latine ne profitent pas de ces activités », affirme Frédéric Thomas. En 2012, le gouvernement du Salvador a reçu 22 demandes d’exploration aurifère qui pourraient occuper près de 5% du territoire.

« Non à la mine. Oui à la vie »

Les mines de métaux sont surtout de très grosses consommatrices d’eau. Leur exploitation, à grand renfort de cyanure et mercure, est des plus polluante. Selon Oxfam, plus de 90% de l’eau du pays serait contaminée par des produits toxiques et des métaux lourds. L’industrie minière et les pratiques agricoles intensives ont conduit à une érosion accélérée des sols et une destruction des forêts.

« Non à la mine. Oui à la vie ». C’est le slogan derrière lequel se sont mobilisés depuis 2008 les Salvadoriens pour dénoncer la pollution de l’environnement lié à l’extension des mines. La résistance s’était alors organisée suite à une campagne lancée par la station Radio Victoria face au projet de la mine Eldorado, située à quelques dizaines de kilomètres de la capitale, San Salvador. Quelques années plus tard, en 2016, les autorités du pays auront gain de cause en remportant une première victoire juridique contre la filiale locale de la multinationale aurifère OceanaGold. Cette dernière, formée après le rachat par Oceana Gold des actifs au Salvador de la Pacific Rim Mining Corp, exigeait 250 millions de dollars (230 millions d’euros) du Salvador pour s’être vu refuser un permis d’exploitation minière pour raisons environnementales.

Sur le continent, d’autres pays comme le Guatemala, le Nicaragua ou le Honduras sont également engagés dans la lutte face aux industries minières. Pour Frédéric Thomas, l’exemple du Salvador doit désormais « privilégier d’autres projets de développement, notamment dans l’agriculture durable. Des projets peut-être moins rentables, mais qui offriront une plus grande indépendance de ces pays vis-à-vis des multinationales étrangères. Ce qui pourrait contribuer, à terme, à la protection de l’environnement. »

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Les opinions exprimées et les arguments avancés dans cet article demeurent l'entière responsabilité de l'auteur-e et ne reflètent pas nécessairement ceux du CETRI.