Etat des résistances dans le Sud - Asie - CETRI

Etat des résistances dans le Sud - Asie

(Frais de port compris)

Présentation

Continent en mouvement, l’Asie se transforme, accentuant les contrastes existants. La variété des régimes politiques, des trajectoires historiques, des niveaux de développement, des traditions culturelles et religieuses témoigne de la complexité de cet espace et des tensions qui le traversent.
Des foyers de croissance côtoient des économies exsangues, des démocraties – perfectibles ou en crise – jouxtent des régimes autoritaires, des majorités de pauvres cohabitent avec les « nouveaux riches ».
Les contradictions régionales et les facteurs internes d’instabilité génèrent des climats sociaux tendus, susceptibles de mettre en péril la légitimité nationale et les ambitions politiques et économiques de plusieurs pays asiatiques.
Sur l’échiquier de ces sociétés en mutation, l’acteur étatique continue à s’affirmer comme une pièce maîtresse. Les oppositions intérieures existent, mais elles peinent à s’affirmer en raison de marges d’action limitées. Des mesures compensatoires ou dissuasives sont ainsi déployées par des autorités attachées à leurs prérogatives et soucieuses de contenir la grogne populaire. Les mouvements de contestation sont légion aux quatre coins du continent – revendications ethniques en Birmanie et en Malaisie, clivages religieux en Inde et aux Philippines, confl its socio-environnementaux en Indonésie, en Chine, en Mongolie… –, mais l’émergence de soulèvements sociaux et politiques d’envergure, sur le mode du « printemps arabe », demeure très incertaine.

Titre	Etat des résistances dans le Sud - Asie
La collection	Alternatives Sud - État des résistances dans le Sud
Volume	Vol. XIX – 2012/4
Date	11/2012
Coord. / Auteur	Aurélie Leroy
Edition	CETRI, Syllepse
Format	135 x 215 mm
Mots-clés	Asie Mouvements sociaux

Contenu

Les faces cachées des sociétés civiles d’Asie

Aurélie Leroy
Les faces cachées des sociétés civiles d’Asie

En dépit de la variété des régimes, les sociétés civiles affectent de plus en plus les États dans une majorité de pays asiatiques, même si l’État - acteur incontournable - les affecte plus encore. Les paradoxes des oppositions internes, tantôt contestataires, tantôt corporatistes, et l’ambivalence des « changements démocratiques », formels versus sociaux et redistributifs, comptent parmi les principales raisons du bilan mitigé des dynamiques émancipatrices.

Indonésie : forces de gauche fragmentées, mais idées influentes

Edward Aspinall
Indonésie : forces de gauche fragmentées, mais idées influentes

En dépit de l’existence d’une société civile diversifiée, la période post-Suharto n’a pas accouché d’un grand mouvement de gauche coordonné. En cause, des tendances centrifuges, la prédominance d’une logique ONG et la structuration clientéliste du système politique indonésien. Pour autant, la popularité des idées progressistes associée à la compétition électorale pour le vote populaire s’est traduite par des avancées sociales
non négligeables.

Timor-Oriental : tensions et renouveau au sein de la société civile

Thushara Dibley
Timor-Oriental : tensions et renouveau au sein de la société civile

Les violences au lendemain du référendum pour l’indépendance en 1999 et lors de la crise de 2006 ont été suivies, dans les deux cas, par un afflux de l’aide internationale au Timor-Oriental. Cette combinaison de facteurs s’est traduite, paradoxalement, par une marginalisation et une mise en concurrence des acteurs sociaux locaux, mais aussi par un renouveau au sein de la société civile, propice à la consolidation de la paix entre communautés.

Philippines : transformation des « mouvements sociaux » en « société civile (...)

Teresa S. Encarnacion Tadem
Philippines : transformation des « mouvements sociaux » en « société civile (...)

Aux Philippines, l’émergence de la société civile est le résultat d’une série de ruptures au sein de la gauche traditionnelle dans la période qui s’ouvre avec la chute du dictateur Marcos (1986). Si les nouvelles organisations font preuve de dynamisme dans plusieurs domaines – de la promotion de la paix à la lutte contre le néolibéralisme -, elles butent sur la résilience des structures oligarchiques du système politique.

Malaisie : la renaissance de l’activisme social

Ooi Kee Beng
Malaisie : la renaissance de l’activisme social

Un vent de contestation souffle sur la Malaisie. Des formes d’expression publique d’unité, transcendant les lignes de fractures ethniques et religieuses traditionnelles, ont émergé pour dénoncer la mauvaise gouvernance établie dans le pays. Ni les réformes engagées, ni la répression policière n’ont réussi à faire taire les oppositions, irritées par les politiques conservatrices, communautaristes et corrompues du parti dominant au pouvoir.

Singapour : une certaine progression de la société civile

Megawati Wijaya
Singapour : une certaine progression de la société civile

Depuis cinq ans, la société civile singapourienne a évolué en nombre et en reconnaissance. Par delà les politiques de la « nouvelle » Singapour, savant dosage de participation et de mécanismes d’assujettissement (implicites ou répressifs), des organisations civiles agissent, notamment par le biais d’internet, pour infléchir les orientations du gouvernement, plus conciliant que de coutume en raison du revers électoral du parti dominant.

Vietnam : rapports entre société civile et parti-État dans le post-Doi (...)

Thiem Hai Bui
Vietnam : rapports entre société civile et parti-État dans le post-Doi (...)

Au Vietnam, le parti communiste développe diverses stratégies pour tourner le développement du secteur associatif à son avantage, en le transformant en nouvel instrument de contrôle sociétal. La cooptation, les contrôles et les ingérences de toutes sortes n’ont cependant pas empêché l’émergence de nouveaux espaces informels d’autonomie, au sein desquels se développe un contre-discours hégémonique.

Laos : une société civile inoffensive ?

Boike Rehbein
Laos : une société civile inoffensive ?

Une société civile se développe lentement en marge des structures officielles du Parti communiste laotien. Tournées vers le développement local, manquant d’ancrage social ainsi que d’autonomie vis-à-vis des autorités, les nouvelles associations ne constituent pas un contre-pouvoir. Des résistances plus indépendantes émergent cependant grâce à internet, ainsi que contre la multiplication des grands projets en milieu rural.

Cambodge : face à la violence, l’émergence d’une société civile

Raoul-Marc Jennar
Cambodge : face à la violence, l’émergence d’une société civile

Malgré une paix officiellement retrouvée et la démocratisation du pays, les pratiques prédatrices et violentes des élites au pouvoir se poursuivent, confirmant le caractère non abouti de l’État de droit. Le gouvernement, exploiteur et défaillant, a toutefois toléré le développement encadré d’une société civile qui se substitue à lui dans son rôle de services publics, sans pour autant accepter la remise en cause de son monopole du pouvoir.

Thaïlande : des mobilisations de rue aux coalitions des « chemises rouges (...)

Pavin Chachavalpongun
Thaïlande : des mobilisations de rue aux coalitions des « chemises rouges (...)

La lutte qui oppose les « chemises rouges » aux « chemises jaunes » dépasse le cadre d’un conflit entre élites. Plus qu’un mouvement d’appui à l’ancien Premier ministre Thaksin – destitué en 2006 par un coup d’État militaire –, les coalitions des chemises rouges sont l’expression de revendications légitimes et démocratiques portées par des secteurs sociaux en lutte contre un système élitaire, excluant et hermétique à toute concurrence politique.

Birmanie : concession tactique ou début de démocratisation ?

Bertil Lintner
Birmanie : concession tactique ou début de démocratisation ?

En Birmanie, le début d’ouverture, récemment concédé par les militaires, tranche avec la rigidité des décennies passées. Le système demeure objectivement verrouillé par la Constitution de 2008. La très populaire Aung San Suu Kyi et la « génération de quatre-vingt-huit » pourraient cependant déjouer les plans de l’élite au pouvoir. Le réveil de groupes armés ethniques complique la donne.

Chine : vers une nouvelle convergence des luttes sociales et politiques (...)

Ya-Han Chuang
Chine : vers une nouvelle convergence des luttes sociales et politiques (...)

Les « incidents de masse » qui secouent la Chine vont croissant et témoignent d’un élargissement de la base de mobilisation et d’une intensification de la lutte pour les droits. Toutefois, un double défi freine le développement des résistances : d’une part, leur criminalisation, d’autre part, leur difficulté d’articuler la cause particulière de mobilisation à un contexte global d’exploitation économique et d’oppression politique.

Corée du Nord : faim et politique de survie

Marie-Laure Verdier
Corée du Nord : faim et politique de survie

Le transfert de pouvoir à la tête du pays, la prise de conscience croissante des violations des droits humains et les soulèvements au Moyen-Orient auraient pu se conjuguer pour former les conditions propices à une transition en Corée du Nord. En dépit d’un certain relâchement du régime totalitaire, le changement politique n’apparaît toutefois pas à l’ordre du jour. La lutte pour la survie demeure la principale préoccupation de la population.

Corée du Sud : régression politique et résistance

Kwang-Yeong Shin
Corée du Sud : régression politique et résistance

Dix ans après l’avènement de la démocratie en 1987, le miracle économique coréen a volé en éclat, à partir de la crise financière. Les réformes néolibérales des gouvernements démocrates ont affecté lourdement le monde du travail, générant une polarisation sociale et une paupérisation croissante. Malgré le retour des conservateurs
au pouvoir et de nouvelles contraintes, des résistances s’organisent pour réclamer une démocratie plus redistributive.

Taïwan : acquis, dilemmes et défis des mouvements sociaux

Hsin-Huang Michael Hsiao
Taïwan : acquis, dilemmes et défis des mouvements sociaux

Taïwan a été le témoin du rôle crucial des mouvements sociaux dans les processus de transformation démocratique. Après la levée en 1987 de près de quatre décennies de loi martiale, les organisations sociales ont tenté d’oeuvrer à une véritable démocratisation. Leurs bras de fer avec les gouvernements successifs – du DPP « démocratique » comme du KMT « conservateur » – se sont soldés par un grand nombre de déconvenues.

Bangladesh : société civile numériquement forte, mais inefficace

Iftekhar Iqbal
Bangladesh : société civile numériquement forte, mais inefficace

Les performances macroéconomiques du Bangladesh cachent mal le creusement des inégalités et les dysfonctionnements de ses institutions démocratiques. Manquant d’autonomie vis-à-vis des grands partis et majoritairement engagées dans des activités de microcrédit, les associations de la société civile ne contribuent pas à la mobilisation des résistances.

Népal : une transition démocratique « gelée »

Niru Gurung
Népal : une transition démocratique « gelée »

Depuis la fin du régime Rana en 1950, un processus de « transition démocratique » a cours au Népal, émaillé par des coups d’État, deux révolutions populaires et une guerre civile. Les accords de paix de 2006 et l’élection d’une Assemblée constituante deux ans plus tard auraient pu déboucher sur une certaine stabilité, mais les rivalités de pouvoir et le mécontentement de minorités exclues ont conduit le pays à un blocage politique inquiétant.

Sri Lanka : résister à la « guerre par d’autres moyens »

Jude Lal Fernando
Sri Lanka : résister à la « guerre par d’autres moyens »

Depuis 2009, la situation post-guerre civile est caractérisée par une double oppression : celle de la population tamoule, dont la région est en voie de militarisation et celle de la société civile cinghalaise, qui fait face à un État de plus en plus autoritaire. Le régime bénéficie de la complaisance des grandes puissances, favorables au renforcement de l’État unitaire. Côté tamoul comme côté cinghalais, les résistances se reconstruisent lentement.

Inde : la société civile « anticorruption » fait son entrée dans le jeu (...)

Vinod Raina
Inde : la société civile « anticorruption » fait son entrée dans le jeu (...)

Si l’Inde est souvent le théâtre de mobilisations rurales, le mouvement qui a le plus défrayé la chronique l’an dernier fut le mouvement « anticorruption » d’Anna Hazare. En dépit d’un fort capital de sympathie, il a fini par s’essouffler brusquement. La conversion du mouvement en parti amène à soupçonner ses dirigeants de nourrir leurs propres ambitions, alors même qu’ils dénonçaient le jeu électoral et politicien comme source de corruption.

Mongolie : « démocratisation libérale » et luttes pour la justice sociale

Dalaibuyan Byambajav
Mongolie : « démocratisation libérale » et luttes pour la justice sociale

La Mongolie est l’un des rares pays de l’ex-bloc soviétique où la démocratie a pris pied. Pour autant, l’accroissement de la pauvreté et des inégalités qui a accompagné les réformes économiques, la faiblesse de l’État face aux intérêts privés et le clientélisme politique ont suscité à la fois une défiance croissante de la population envers ses représentants et une intensification des luttes pour plus de justice sociale.

Kazakhstan et Kirghizistan : entre conformité et résistance

Alexander Wolters
Kazakhstan et Kirghizistan : entre conformité et résistance

Les républiques d’Asie centrale, malgré des similitudes, se distinguent par leur développement et leur configuration sociopolitique. Au Kazakhstan, l’opposition est contenue par un régime populiste et répressif et par un réflexe historique d’approbation
populaire. Au Kirghizistan, un champ politique plus ouvert autorise la contestation, mais la docilité et l’instrumentalisation de la société civile la discréditent auprès de la population.

Pakistan : l’évolution des médias, un enjeu démocratique

Gilles Boquérat
Pakistan : l’évolution des médias, un enjeu démocratique

Si, au Pakistan, des espaces de liberté se dégagent dans la presse écrite et si des opinions contradictoires ont vu le jour grâce à la multiplication des médias audiovisuels, les impératifs financiers et relationnels portent à privilégier un discours cajolant un conformisme sociétal et une orthodoxie religio-nationaliste, bien loin d’une « subversion libérale », trouvant davantage d’écho sur les réseaux informatiques.

Afghanistan : complexité des rapports entre la société et l’État

Anna Larson
Afghanistan : complexité des rapports entre la société et l’État

Bien loin des conceptions occidentales de la démocratisation, la société civile afghane est mue par des intérêts à caractère ethnique et local, davantage que par des enjeux « politiques ». Ses rapports avec l’État sont du registre de la distance et de la négociation. Quant aux associations créées depuis 2001 à Kaboul, elles sautent d’un projet à l’autre… au gré des bailleurs. Et pourtant l’Afghanistan n’est pas vide de mobilisations populaires.

Iran : résistance et contestation en république islamique

Firouzeh Nahavandi
Iran : résistance et contestation en république islamique

Dans le contexte autoritaire qui est celui de l’Iran, les contestations ne prennent pas nécessairement la forme d’actions protestataires collectives. C’est à travers l’investissement de l’espace public par des formes passives ou détournées de résistance
que les féministes et les jeunes expriment leur insoumission. Le « mouvement vert » de 2009 reflète à la fois les possibles et les limites d’un militantisme peu structuré.