Le CETRI – Centre tricontinental vient d’apprendre le décès, à l’âge de 95 ans, d’Ernesto Cardenal, prêtre, poète et sculpteur nicaraguayen, grande figure de la révolution sandiniste des années 1980. Partisan de l’autodétermination des peuples, de la justice sociale et de la théologie de la libération, Ernesto Cardenal fut ministre de la Culture du gouvernement révolutionnaire de 1979 à 1987. La désapprobation publique que lui adressa le très conservateur pape Jean-Paul II en 1983 à Managua, devant les caméras du monde entier, cristallisa alors l’opposition entre deux modèles de société.
Comme la grande majorité des leaders sandinistes de l’époque, Ernesto Cardenal s’est par la suite et jusqu’à ces derniers mois radicalement opposé à son ancien président, Daniel Ortega, revenu à la tête de l’État nicaraguayen depuis 2007, dix-sept ans après l’avoir quittée. Il lui reproche d’avoir érigé, en usurpant le drapeau sandiniste, un pouvoir autocratique, néolibéral et conservateur (qui a notamment fait édifier en 2016 à proximité du Palais national un somptueux Musée Saint Jean-Paul II…), et depuis avril 2018 d’avoir réprimé dans le sang (plus de 300 tués en trois mois) une révolte qui demandait la destitution du couple présidentiel Ortega-Murillo.
Ernesto Cardenal est aussi l’auteur de l’œuvre monumentale inaugurée en sa présence en 1996 à Louvain-la-Neuve, à l’occasion du 20e anniversaire du Centre tricontinental. Elle représente la silhouette d’un zanatillo (oiseau nicaraguayen emblématique), symbole d’émancipation et de justice.
Photo d’Ernesto Cardenal par Jorge Mejía Peralta