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Vision, mission

Analyse du contexte

La perception et la compréhension que le CETRI a aujourd’hui de la mondialisation et de la coopération au développement durable peuvent être synthétisées schématiquement en six grandes lignes de force thématiques et interdépendantes :

  • La mondialisation, comprise ici comme l’augmentation des interdépendances entre sociétés du Nord et du Sud, a été dominée ces trente dernières années par la libéralisation des marchés et l’extension, à l’échelle du monde, d’un modèle de développement capitaliste et productiviste. Ce double mouvement a débouché sur une aggravation des inégalités sociales, une détérioration des conditions de vie dans certaines régions du monde et de certaines catégories sociales – avec la cohorte des « perdants » de la mondialisation – et une dégradation accélérée de l’environnement.
  • Sur la même période, s’est renforcée la volonté politique des élites du Nord d’influer sur les modes d’organisation internes des pays les plus pauvres : développement d’une « conditionnalité » économique, institutionnelle, sociétale, environnementale ; interventionnisme militaro-humanitaire ; mise sous tutelle d’États jugés « faillis »... Une tendance non dénuée d’objectifs économiques et géopolitiques intéressés et vécue localement sur le mode de l’ingérence.
  • La montée en puissance des pays émergents depuis le tournant du millénaire amorce cependant un mouvement de reconfiguration des rapports de force internationaux, qui fragilise la tendance précitée et entame l’hégémonie occidentale dans les débats internationaux sur le commerce, le système financier, le climat, l’aide au développement... Cette évolution majeure est source d’incertitudes, de risques, de contradictions et de potentialités, dans la quête d’une gouvernance mondiale, à la fois démocratique et efficace.
  • Sur le front du développement, le rôle de l’État dans les stratégies de croissance est en voie de réhabilitation - sur le mode prudent de la « bonne gouvernance » dans les stratégies de lutte contre la pauvreté des coopérations, et sur celui plus volontariste de l’investissement productif, potentiellement redistributif dans les pays émergents. Dans un cas comme dans l’autre, le biais développementaliste est confirmé, au détriment des communautés locales et des ressources naturelles. À un autre niveau, le manque de cohérence des politiques des pays riches vis-à-vis du développement sape les résultats des efforts qu’ils consentent via l’aide.
  • Des résistances et des alternatives à ces tendances dominantes existent. En Asie, en Afrique et en Amérique latine, elles peuvent prendre la forme d’initiatives citoyennes, de mobilisations populaires et de mouvements démocratiques d’affirmation sociale, politique ou culturelle. Bien qu’elles ne soient pas dénuées d’ambiguïtés, ces sociétés civiles constituent un levier privilégié de changements dans le sens de la justice sociale, de la reconnaissance des diversités, du développement durable, de l’égalité hommes-femmes, de la souveraineté et de la participation.
  • Coopération}} non gouvernementale sous influence ? Une tension s’installe entre la « solidarité internationale » qui est l’affaire de tous, fondée sur l’engagement et la militance (les « Initiatives populaires de solidarité internationale ») et la « coopération au développement » de plus en plus une affaire de spécialistes et de professionnels, qui, dépendant fortement des financements publics, se réduit progressivement à une entreprise pilotée par l’État, en fonction de la centralité du marché comme levier du développement. Ce faisant, les ONG se coupent de leurs bases sociales et a contrario les IPSI se multiplient.

Vision et valeurs

Le Centre tricontinental CETRI, organisation non gouvernementale fondée en 1976 et basée à Louvain-la-Neuve (Belgique), est un centre d’expertises et de ressources (étude, publication, documentation, formation, appui-conseil) sur le développement, les mouvements sociaux et les rapports Nord-Sud. Le CETRI est reconnu en Belgique et sur le plan international par les acteurs militants et professionnels de la solidarité internationale et de la coopération au développement, de l’enseignement, de la recherche et des médias.

Le CETRI participe à la promotion d’un développement démocratique, durable et solidaire, en particulier dans les pays d’Afrique, d’Amérique latine et d’Asie. Ce développement passe nécessairement par des changements sociaux et politiques qui visent à renforcer l’emprise des secteurs populaires sur leur environnement et leur capacité à le remodeler pour répondre à leurs réels besoins, la réalisation des droits sociaux (santé, souveraineté alimentaire, vie digne et travail décent…), l’égalité hommes-femmes, le respect de l’environnement et l’abolition de toute forme d’exploitation et de discrimination.

La capacité d’action, de proposition, de pression d’un acteur ou d’une collectivité - en matière de sensibilisation, d’éducation, de plaidoyer et de décision politiques - est tributaire de sa perception et de sa capacité de compréhension et d’analyse des problèmes. Aborder les sociétés, les rapports Nord-Sud, les inégalités de développement comme des constructions sociales et humaines, c’est aider les opinions publiques et les acteurs sociaux à prendre conscience de leurs capacités d’incidence sur ces réalités.

Mission

Nous contribuons à ce que les acteurs de la coopération au développement et de la solidarité internationale et les faiseurs d’opinions se construisent une approche lucide et fondée des acteurs sociaux du Sud et de leur action avec une connaissance critique et actualisée des principaux enjeux du développement et des rapports Nord-Sud dans la mondialisation. Nous participons ainsi à renforcer leur capacité d’action, de proposition, et de pression en matière de sensibilisation, d’éducation, de plaidoyer et de décision politiques.

Nous le faisons en :

  • travaillant en permanence à des d’analyses approfondies des réalités sociales, politiques et économiques des pays en développement.
  • organisant des activités d’information, d’éducation, de formation et d’appui-conseil.
  • apportant à nos publics cibles - « faiseurs d’opinion », public « averti », groupes multiplicateurs, acteurs de l’éducation au développement, etc. -, des clés de lecture des grands défis que la mondialisation, dans sa logique et ses effets, pose aux sociétés « développées » et « en voie de développement ».
  • relayant et en mettant en discussion des « points de vue du Sud » analytiques, critiques et promoteurs d’alternatives pratiques ou théoriques au modèle de développement dominant.